Confort et performance au programme du chantier d’hivernage de Lord Jim

  « Combien de fois, à l’heure de l’apéro, nous n’avons pas imaginé et conçu le voilier de croisière idéale.  En fait, le voilier idéal il existe déjà : c’est Lord Jim ! » (réflexion de Guillaume de retour de Galice en juin 2016).

Lord Jim a en effet un sacré nombre de qualités. Bien né car bien pensé, bien dessiné et bien construit. Mais un navire outre l’entretien indispensable pour le maintien à niveau, peut toujours être amélioré. C’est ce que nous faisons chaque hiver depuis le changement de propriétaire début 2015. Même si nous ne ferons jamais voler Lord Jim sur des foils, un bon nombre d’évolutions permettent d’apporter un supplément de vitesse, de confort et de sécurité à ce voilier. Il suffira juste de ne pas tomber dans le piège du toujours plus.

Voici les changements notables que nous avons effectués ces deux derniers hivers sur Lord Jim.

Comment améliorer les performances d’un voilier de croisière ?

Chantier d'hivernage de Lord Jim

L’année passée nous avons changé l’hélice tripale par une hélice à mise en drapeau type Maxprop. Outre le gain de vitesse notable, cela évite les perturbations des filets d’eau sur le safran. La barre, autrefois lourde, est devenu douce et fine. La carène du bateau a été également remise à neuf. Terminées les butées de barre extérieure et les cadènes de sous-barbes sous la flottaison. Pour conserver une glisse optimale durant toute la saison de navigation tout en limitant l’émission de biocides, nous avons choisi un antifouling au cuivre. Enfin, l’ajout d’un spi asymétrique dans la garde-robe de Lord Jim, a bien changé la donne, dès que nous naviguons par vent médium au portant. Nous pouvons dorénavant maintenir une belle vitesse de croisière au portant dans le petit temps, là où autrefois le moteur venait à la rescousse.

Des améliorations à l’ergonomie et au confort de l’équipage

Quelques petites modifications ont apporté des améliorations au confort du barreur et de l’assise dans le cockpit. Les dossiers de cockpit ont été légèrement reculés, la barre ainsi que le stick ont été raccourcis. La position à la barre est devenue très agréable et confortable, que l’on barre en direct à la barre franche ou au stick. Le régulateur d’allure a été retiré pour libérer le tableau arrière. Nous avons ainsi pu mettre en place une échelle de bain sur le tableau arrière, ce qui est bien agréable pour la baignade ou la plongée à partir du bateau.
Les winches ont été changés pour des modèles de winch self tailing qui permettent de bloquer des bouts fins pour wincher à deux mains. Les angles des winchs ont été modifié pour ne plus surpatter quand on est sous spi ou Gennaker.

Quelques travaux électriques à bord de Lord Jim.

Nous avons cet hiver refait entièrement l’électricité du bateau. Au passage nous avons doublé la capacité de stockage avec deux batteries au gel de 130 Ah, en plus de la batterie moteur et de la batterie de secours. Un panneau solaire de 120 watts a été rajouté sur la casquette de roof. Un contrôleur de batterie permet de connaître en permanence le niveau exact des batteries. L’éclairage intérieur et les feux de navigations ont été changés et sont désormais tous à leds.

L’électronique du bord digne du programme de croisières hauturières et côtières de Lord Jim

Poste de navigation de Lord Jim

Les instruments de navigation ont été remplacés par une centrale de navigation Raymarine, connectée à un pilote électronique avec vérin hydraulique. C’est bien agréable quand le vent tombe et que nous avons recours au moteur ! Un PC marinisé a été installé à bord avec les logiciels de navigation et de cartographie. Un standard C, équipement de communication satellite, certifié Marine Marchande a été également rajouté cette année. Le Standard C permet l’émission d’un signal de détresse, la communication par mail, la réception des AVURNAV, c’est-à-dire l’information maritime tel que la météo, les modifications de balisage, les opérations militaires en cours…

Autre nouvel équipement électronique de navigation installé à bord, un transpondeur AIS. Le transpondeur AIS permet d’une part, de recevoir des informations sur les navires qui naviguent sur la zone et de visualiser leur position et leur route sur la cartographie électronique, et d’autre part d’émettre ces mêmes informations pour ces mêmes navires qui croisent à proximité. L’AIS est un outil d’anti collision très efficace, permettant de voir et d’être vu. C’est fort appréciable au passage des rails pour croiser la route des cargos et des bateaux de pêche au cours d’une traversée de la Manche vers les Scilly et la Cornouailles ou du Golfe de Gascogne vers La Galice. Le transpondeur AIS a une faible consommation d’énergie, il peut ainsi, contrairement au radar, rester allumé en permanence.

En croisière à la voile, le confort ce n’est pas du luxe.

Une cuisine avec frigo s’il vous plait !

La cuisine du bord

L’ajout d’un frigo intégré a été l’occasion de refaire la cuisine du bord. Le plan de travail, les espaces de rangement, et la plomberie ont été revus. Toute la tuyauterie du bateau été changée, les pompes à pied simple effet ont été changées pour des pompes double effet, beaucoup plus efficace. Un système de vannes permet désormais de  choisir la cuve dans laquelle on pompe l’eau courante. A cette occasion, une troisième cuve qui était présente mais condamnée, car percée, a été remise en service. Nous avons donc augmenté l’autonomie du bateau en eau douce. C’est toujours appréciable sur des croisières hauturières de plus d’une semaine. Une douchette a également été installée dans le cabinet de toilette.

Un chauffage pour des croisières à la voile en avant et arrière-saison

Un poêle au pétrole de type Reflex a été installé dans la coursive. Ce système de chauffage largement plébiscité par les voiliers navigant en Arctique ou en Patagonie, permet en avant et arrière-saison de chauffer et de sécher l’intérieur du bateau à l’escale ou en navigation. Ce poêle fonctionne sans électricité et ne consomme que 0,2 litre de gasoil à l’heure.

les améliorations apportées au gréement

Les avantages d’un enrouleur de foc pour la navigation

Après deux saisons de navigation sur Lord Jim, et alors que le solent arrivait en fin de vie, j’ai décidé de saisir l’occasion pour changer la configuration des voiles d’avant. La solution choisie, vient de l’expérience accumulée par Yann De Kerdrel à bord des navires de grand voyage, et qui paraissait la plus opportune pour Lord Jim.
Un solent sur enrouleur a donc été installé ainsi qu’un bas-étai largable sur lequel on endraille une trinquette ou le tourmentin. Jusqu’à 22 nœuds de vent, le solent est à poste. Au-delà la trinquette est hissé et le solent enroulé. Cette solution apporte confort, sécurité en particulier de nuit avec des vents très variables en force. On conserve de belles performances car on ne navigue jamais avec une voile partiellement roulée. Ces voiles, comme la grand-voile déjà en service, sont conçues à la voilerie « La Camarétoise » avec une coupe tri radiale et un tissu performant pour une bonne remontée dans le vent. La mise en place de cette voile sur le bas étai impliquait la reprise des efforts vers l’arrière par des bastaques. Celles-ci ne sont mises à poste que lorsqu’on établit la trinquette ou le tourmentin.

Lord Jim retrouve des couleurs pour une nouvelle saison de navigation

Travaux de peinture sur Lord Jim

Les œuvres mortes et la delphinière du bateau ont été remises à neuf : travaux de ponçage, enduits, sous-couche Epoxy, laque polyuréthane noir, flottaison blanche, trait de gouge jaune, Lord Jim a retrouvé tout son éclat. Le gréement a été laqué et repeint en blanc ivoire. La confection du taud de trinquette a été l’occasion de changer le taud de grand-voile ainsi que les dossiers de cockpit, le tout dans un joli rouge « brasserie », qui donne une belle cohérence à l’ensemble.

Bien d’autres détails ont été peaufinés au cours de cet hivernage. Le rajout d’un réa de davier permettant de bloquer l’ancre en position haute en empêchant les mouvements de balançoire de l’ancre à chaque vague, la confection de toiles antiroulis pour les cabines arrière, le changement de tout le haubanage, le démontage et le nettoyage des cuves de carburants et … tout ce qu’on oublie.

Ce qui est sûr, c’est qu’un bateau c’est gourmand en entretien, donc en temps et en finance. Le truc sympa avec Lord Jim, c’est que cet effort n’est pas inutile, car nous allons en profiter tout au long de la saison de croisières à venir. Ce n’est pas la même chose pour tous ces voiliers qui ne sortent qu’une ou deux fois par an… Lord Jim en 2016, c’était 120 jours de navigation, 98 équipiers qui ont passé de 4 à 12 jours à bord, un nombre d’escales à couper le souffle. Alors oui, ça fait plaisir de bichonner ce super outil de voyage, de découverte, d’aventure, et de rencontre.

Mise à l'eau du voilier Lord Jim