Le voilier Lord Jim : Equipement, performance et confort

De toute évidence et après trois saisons de navigation et quelques 18 000 milles parcourus : Lord Jim 2 est un voilier qui a été très bien pensé, joliment dessiné et admirablement construit. Il n’en reste pas moins qu’un bateau mérite toujours d’évoluer pour bénéficier d’améliorations qui s’imposent au fur et à mesure des navigations.

Depuis la passation entre Jacques Guillemot et Yann de Kerdrel le nouveau skipper et propriétaire de Lord Jim, le monocoque a bien évolué tout en gardant l’esprit d’origine, d’un voilier de type expédition grande croisière, simple, facile à vivre, indémodable.

Un voilier conçu pour l’expédition et la grande croisière à la voile.

Petit rappel historique, le sloop Lord Jim 2 a été pensé et voulu par Jacques Guillemot et dessiné par l’architecte naval Gilles Montaubin. La construction a été réalisée par le chantier M.E.R., une construction en CP verre époxy particulièrement soigné et robuste. Le pont du voilier est bien dégagé et sécurisé par un pavois, l’intérieur est clair, le carré spacieux, avec de nombreux rangement. Une casquette rigide protège la descente et le cockpit. Sa silhouette, moderne-classique est reconnaissable au premier coup d’œil.
En 2015, après 70 000 milles nautiques parcourus par tous les temps en mer d’Iroise, en mer Celtique et à travers le Golfe de Gascogne, Jacques cède le voilier à Yann de Kerdrel. Depuis cette date, 16 000 milles se sont ajoutés au compteur, et ce voilier de croisière a gagné en sécurité, en confort et en pratique au fur et à mesure des escales techniques et passages en chantier naval.

voilier sous spi

Améliorations apportées au gréement

Pendant le chantier d’hivernage 2016/2017, nous avons remplacé la totalité du gréement dormant. C’est à dire tout le haubanage, l’étai et le pataras. Le gréement ne présentait aucun signe de fatigue, mais dans le cadre d’une utilisation professionnelle et intense en croisière, le choix est fait de changer avant que les soucis n’arrivent.
A cette occasion, nous avons installé un enrouleur de foc solent, pour des raisons de confort et de sécurité. Une nouvelle voile a donc été dessinée avec coupe tri-radiale et tissu Square pour la performance. En parallèle, et pour assurer une bonne marche du voilier aux allures de près dans du vent soutenu, une trinquette a été conçue dans le même tissus à voile. Celle-ci est gréée sur un bas-étai en textile qui peut être rangé le long du mât lorsqu’il n’est pas en fonction. Ceci facilite le passage du foc lors des virements de bord.
Ces modifications de gréement nous permettent de combiner: performance, maniabilité dans le petit temps et performance au près dans le gros temps. Ce choix rend également les changements de voilures plus simples et plus sûres, en dégageant de la place sur le pont avant toujours ce qui facilite la manœuvre de mouillage. Pendant ce chantier d’hivernage le gréement courant, soit tous les cordages ont été remplacés à neuf.

Modification de l’accastillage de pont

Les bons vieux winchs Andersen étaient conçus pour des bouts de trop gros diamètres. Du coup, les écoutes et autres manœuvres ne bloquaient pas au self tailing. Même s’ils étaient en très bon état, ces quatre winches ont donc été changés. Plus besoins de tenir la manœuvre pendant qu’on winche. Les manivelles de winch ont elles aussi été remplacées par des modèles à pommeau, pour une meilleur prise en main. Des manivelles avec verrouillage à poussoir, faciles à mettre en place et surtout à libérer! Pour que les manœuvres d’écoutes soit plus fluides et naturelles, la disposition des taquets et des renvois a été modifiée et le matériel remplacé à neuf.

Confort sur le pont et dans le cockpit

A la barre de Lord Jim, il était difficile de trouver une position confortable pour le barreur. Nous avons donc reculé les dossiers de cockpit, raccourci la barre et installé un stick télescopique plus court. En barre franche nous avons désormais une bonne assise, et au stick une meilleur position et une vue parfaite sur l’avant du bateau. Sur le tableau arrière, l’encombrant régulateur d’allure a disparu au profit d’un pilote hydraulique, libérant l’accès à la jupe. Une vraie échelle de bain a été réalisée et mise en place.

Instruments de navigation & électronique de bord… et sécurité

Une nouvelle centrale de navigation bien visible depuis le cockpit, a été installée. Loch speedo sondeur et girouette anémomètre, sont interconnectés, et le compas électronique au grand affichage, est bien appréciable pour les nuits de quart sous l’averse ! La commande du pilote automatique apporte un réel confort d’utilisation. Le pilote automatique a de nombreux avantages sur le régulateur, en particulier celui de fonctionner même au moteur sans vent, quand barrer n’est plus un plaisir mais plutôt une corvée… Certes en contrepartie, il a une consommation électrique, mais de ce côté-là aussi nous verrons que les choses ont évolué.
En descendant à la table à carte, nous trouvons désormais le PC marinisé qui permet l’utilisation des logiciels de navigation Maxsea ou Open CPN, mais aussi le Standard Imarsat C, système marine marchande de communication et détresse par satellite. Le Standard Imarsat C permet en outre de communiquer avec les CROSS ou MRCC, ainsi que le Centre de Consultation Médical Maritime de Purpan, chargé de l’assistance médicale en mer.
Le Transpondeur AIS permet de recevoir les positions des navires alentours, ceux-ci apparaissent directement sur l’écran du logiciel de navigation. Particulièrement pratique, il nous permet une lecture rapide et complète des routes, des vitesses, et permet d’évaluer les risques de collisions avec les navires émettants. L’émission quant à elle permet d’être “vu” par les navires équipés de récepteur, c’est-à-dire tous les navires professionnels et de plus en plus de navires de plaisance. Ce système AIS lancé il y a une dizaine d’années représente une grande évolution pour la sécurité et l’anticollision. Pour Lord Jim qui coupe le rail d’Ouessant 2 fois par semaine c’était vraiment utile. Le rail d’Ouessant voit en effet passer chaque jour environ 150 navires, cargos, pétroliers et porte conteneur géant ! Le système inclut une antenne GPS et VHF indépendante.
Une Emergency Position Indicating Radio Beacon (EPIRB) avec GPS intégré équipe désormais le bateau. Cette balise permet par son déclenchement de signaler une détresse aux CROSS en un temps très limité, l’identité du navire et sa position, et cela à n’importe quelle distance de la côte.
Enfin pour la sécurité de l’équipage, de nouveaux gilets auto-gonflants ergonomiques et très légers ont été acheté en 2016. Ce n’est plus une corvée de les porter pour aller manœuvrer sur le pont. La sécurité s’en voit renforcée.

Le confort de l’équipage n’est pas oublié.

La cuisine a été refaite. Elle a été équipée d’un frigo intégré ce qui facilite grandement la gestion de la cambuse. Un unique robinet en laiton, très très chic… permet désormais de desservir l’eau douce au choix d’une des 3 cuves du voilier. Fini le stress de devoir se rationner en eau douce. La pompe, toujours à pied a été remplacée par une pompe double effet plus facile à utiliser. Enfin, un filtre à charbon actif a été installé pour avoir toujours une eau de boisson purifiée au goût agréable. Ainsi pas de corvée de bouteille d’eau à porter à bord, et moins de poubelles à débarquer.

Un poêle marin type Reflex, à pétrole a été installé en partie centrale. En début et en fin de saison de navigation il permet de maintenir une température agréable à l’intérieur de la cabine. Au mois d’avril, nous avons comparé une nuit sans poêle avec un 7 degrés vivifiant au réveil, et la nuit suivante avec un poêle ronronnant au minimum, 20 degrés au petit matin… C’est tout de suite plus agréable! L’éclairage et les lumières ont été remplacés, par du “tout LED” chaleureux, avec économie d’énergie, et un éclairage plus franc à la clef. Le cabinet de toilette a été rénové avec une petite douchette au lavabo, une plomberie refaite et une lunette tout neuve. Les couchettes sont toutes désormais équipées de toiles antiroulis, y compris dans les bannettes doubles.
Pour la gestion de l’électricité du bord, la batterie a été remplacée par deux batteries gel haute performance. Tout le câblage et le tableau électrique ont été refaits à neuf. Un contrôleur de batterie Victron a été installé pour faciliter la gestion de la charge et la décharge électrique. Un panneau solaire 120 watt a été installé sur la casquette de descente. Des prises USB, un convertisseur 12/220v et prise allume cigare ont été installées permettant la recharge des appareils photos et petit électronique des équipiers du bord.

Un voilier de croisière, beau et performant

Un spi de 120m2 a été ajouté à la “garde-robe” de Lord Jim. Ce spi permet de faire route aux allures portantes même dans les petits airs, et de réduire ainsi le temps de route au moteur dans la pétole. Une hélice à mise en drapeau type Maxprop tripale a remplacé la tripale fixe. Cela apporte un gain de vitesse estimé à 0.8 nœuds en moyenne ! La carène a été rénovée, les butées de barre et les cadènes sous-marines supprimées, et le profil de quille entièrement refait. Le bateau glisse bien mieux, et ça se sent à la barre qui est plus douce et réactive.
Côté esthétique, la peinture sous-marine au cuivre de couleur verte met en valeur la nouvelle laque noire et le trait de gouge jaune. Les dosserets de cockpit, tauds de Grand-voile et trinquette ont été refaits dans une toile acrylique rouge brasserie. Mât et bôme ont été repeints en couleur ivoire. Le balcon de mât a été redressé, l’ancre type Spade re-galvanisée et désormais calée à poste dans un davier à double réa…. et une multitude de petits détails qui change beaucoup!

bibliothèque du bord

Bref, Lord Jim arrive aujourd’hui à un niveau de préparation et une qualité d’équipement qui permet d’enchainer les croisières et les navigations sans aucun problème. Un voilier de croisière professionnel parfaitement préparé, entretenu, et riche de mille petits détails qui font la différence avec le navire de série de « Monsieur tout le monde » qui naviguent 3 semaines par an. S’ajoute à tout cela, une “âme”, que vous sentirez sûrement si vous piochez dans la bibliothèque du bord pour vous plonger dans une lecture, bien calé dans le carré alors que Jim fait route sur la mer gentiment ondulée, vers les Scilly, l’Irlande ou La Galice